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La retraite, c’est aussi dans la tête

On découvre de plus en plus que la planification psychologique de la retraite va de pair avec sa planification financière. Serez-vous prêt ?

 

Le nombre de personnes de 65 ans et plus doublera, au Canada, d’ici 2028 et leur espérance de vie moyenne sera dans les 80 ans. S’il fallait que tous ces heureux retraités… ne soient pas si heureux, nous pourrions avoir un problème de santé collective aux conséquences financières considérables.

C’est pourquoi on entend de plus en plus parler de la planification psychologique de la retraite. Ce n’est certes pas un service que vous obtiendrez de votre conseiller en sécurité financière… mais c’est une partie de l’équation que vous pourriez avoir intérêt à étudier dès maintenant.

La réalité en face

Ah ! La retraite. Enfin du temps pour lire, jouer au golf, faire de la photo, pratiquer la guitare, voyager. Mais ensuite ? Car c’est un très gros bloc de temps qui se libère soudain lorsqu’on cesse de travailler : dans les 2 000 heures par année, soit 50 000 heures si vous êtes à la retraite pendant 25 ans. 50 000 heures à jouer de la guitare ?

C’est pourquoi beaucoup de retraités se rendent compte que, tout compte fait, la retraite n’est pas une longue période de vacances. C’est plutôt une transition vers une nouvelle « carrière » presque aussi longue que la précédente – et à laquelle il faut se préparer.

Continuer de compter

Les psychologues estiment que trois grands changements se produisent lorsqu’on passe de la vie active à la retraite :

  • l’identité de la personne : vous n’êtes plus « François, directeur chez ABC » – alors qui êtes-vous donc maintenant ?
  • les relations : vous ne voyez plus vos anciens collègues chaque jour (d’ailleurs ils sont trop occupés pour retourner vos appels), alors qui donc voyez-vous ? tenez-vous vraiment à prendre tous vos lunchs avec votre conjoint(e) ?
  • la raison d’être : que voulez-vous accomplir maintenant ? quel défi voulez-vous relever ? quelle est votre mission ?

L’important serait de continuer d’être actif socialement et même professionnellement, pour continuer à « compter » pour les autres. Sinon, la retraite peut vite devenir une source d’angoisse. Des études ont même montré qu’une retraite trop hâtive, parce qu’elle prive la personne d’un environnement exigeant, accélérait la perte de ses fonctions cognitives dans la soixantaine.

Quel est votre profil ?

Il n’y a pas de scénario de retraite universel. De la même façon que chacun a son profil d’investisseur, chacun a son « profil de retraité ». Certains s’inscriront dans la poursuite de leur carrière, d’autres seront portés vers l’exploration du nouveau, et ainsi de suite.

Dans tous les cas, le retraité devra composer avec une nouvelle réalité : ses choix lui seront de moins en moins imposés de l’extérieur, notamment par son employeur. Sa motivation ne relèvera plus que de lui-même. Ce qui n’est pas toujours facile à gérer !

Quelques conseils

Encore une fois, chacun se prépare à la retraite selon son propre profil. Mais voici quelques conseils précieux, quel que soit le nombre d’années qui vous séparent de la retraite.

  • Acceptez que la retraite, c’est long. Vous avez eu plusieurs emplois dans votre vie ? Vous aurez autant de transitions dans votre retraite. Ne planifiez pas seulement ce que vous voulez faire le premier jour.
  • Ne voyez pas la retraite comme un arrêt. C’est un passage graduel à une autre étape de votre vie ou de votre carrière. De moins en moins de personnes vivront le fameux jour J où, soudain, elles « tombent » à la retraite.
  • Demeurez actif intellectuellement, physiquement, professionnellement et socialement.
  • Vous en avez assez de votre travail et voyez la retraite comme une libération ? Demandez-vous si vous n’êtes pas plutôt épuisé professionnellement. Une longue pause pourrait être préférable à une retraite précipitée.
  • Vous rêvez de faire certaines choses à la retraite ? Faites-les maintenant. Vous saurez si vous avez envie de les faire à long terme – et surtout avec les gens que vous aurez à fréquenter.
  • À l’inverse, vous ne savez pas ce que vous ferez à la retraite ? Hâtez-vous de développer d’autres intérêts que ceux liés à votre travail.
  • Pensez à l’endroit où vous voulez vivre. Profiterez-vous de la retraite pour réinventer votre quotidien ?

Somme toute, la préparation psychologique de la retraite est aussi complexe que sa préparation financière… et elle peut même avoir une incidence sur celle-ci, selon les choix envisagés.

 

Avez-vous révisé votre « portefeuille psychologique » récemment ?

Si vous maîtrisez l’anglais, n’hésitez pas à vous procurer le livre Revitalizing Retirement : Reshaping Your Identity, Relationships, and Purpose, de la psychologue Nancy Schlossberg, publié l’année dernière par l’American Psychological Association.