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Sommes-nous trop assurés?

Plusieurs soutiennent que, croyant bien faire, les Canadiens souscriraient trop d’assurance vie. Comment savoir si on est trop ou pas assez assuré ? Il y a une méthode, et elle est simple.

Selon les statistiques, près de 18 millions de Canadiens détiendraient actuellement une police d’assurance vie, pour une protection moyenne de quelque 158 000 $. Ensemble, les Canadiens détiennent quelque 2,8 billions $ d’assurance vie. Ils seraient au 16e rang des pays industrialisés pour la couverture d’assurance per capita.

Sur une base comparative, les Canadiens ne semblent donc pas « trop » assurés. Cependant, ces chiffres ne nous disent pas s’ils sont correctement assurés en fonction de leur situation personnelle.

En matière d’assurance vie, en effet, chaque cas est individuel : c’est sur cette base seulement qu’on peut établir si une personne est adéquatement assurée.

Trois fonctions
Pour ce faire, il importe de revenir en tout temps au rôle de l’assurance vie dans la planification de la sécurité financière. Ce rôle est triple :

  • d’abord, remplacer le revenu de la personne décédée pour permettre à ses survivants de maintenir leur niveau de vie, non seulement immédiatement mais à long terme ;
  • ensuite, payer les coûts immédiats du décès (notamment les funérailles) et les dettes du défunt ;
  • et enfin, si besoin est, couvrir les dépenses de succession, notamment la facture fiscale du défunt, selon la situation.

De ces trois fonctions, la première est la plus importante pour la grande majorité des gens. Et c’est sur elle que repose ma petite méthode de calcul.

Comment déterminer le besoin de remplacement de revenu

Pour établir son besoin d’assurance vie, impossible d’y parer : il faut prendre le temps de dresser son budget et d’établir son niveau de vie actuel. Dans un couple, il importe aussi d’établir l’apport de chaque conjoint aux revenus qui permettent d’assurer ce niveau de vie. Par exemple, si l’un des conjoints a un revenu de 80 000 $ et l’autre, de 40 000 $, il est fort probable que la protection d’assurance du premier devra être supérieure. Une erreur commune à cet égard est d’assurer les deux conjoints au même niveau, même si leur contribution financière à la vie du ménage n’est pas la même.

Si on veut avoir la certitude que sa couverture d’assurance est adéquate, il est essentiel d’évaluer avec la plus grande rigueur quel sera le « manque à gagner » du ménage après le décès de chaque conjoint. Il faut alors tenir compte des dépenses qui disparaîtront comme de celles qui s’ajouteront. De même, il faut évaluer le capital déjà accumulé par le couple, puisque celui-ci contribuera lui aussi à générer un revenu de remplacement.

Si on l’envisage de la sorte, la couverture d’assurance vie, pour chaque membre d’un couple, peut être établie relativement simplement. Le tableau ci-dessous résume le calcul. Après, et après seulement, pourra-t-on se pencher sur la question des dettes que l’on voudra – peut-être – voir payées et sur celle des coûts, fiscaux et autres, associés à la succession.

Comment évaluer son besoin en assurance vie

1
Coût de la vie actuel du couple
(c’est-à-dire le montant des dépenses qui permettent de maintenir son mode de vie actuel)
moins ou plus
Réduction/augmentation du coût de la vie pour
le ménage après son décès
moins
Revenu du conjoint survivant
=
Revenu manquant

2
Capital nécessaire pour générer le revenu manquant
moins
Capital déjà accumulé et permettant de générer un revenu
=
Besoin d’assurance vie pour la personne

 

Les temps changent. Les besoins d’assurance aussi.

Lorsqu’on considère l’assurance vie comme un capital devant générer un revenu de remplacement, il devient facile de comprendre que ce besoin doit être réévalué à différentes étapes de la vie : lorsqu’on obtient un nouvel emploi, qu’on forme un ménage, qu’on met fin à un couple, qu’on met des enfants au monde, qu’on contracte un prêt ou une hypothèque, etc.

De façon générale, on estime que les besoins d’assurance vie sont à leur maximum lorsqu’on arrive au milieu de sa vie active. On a alors, souvent, plusieurs personnes à charge et encore peu d’épargne à sa disposition. En revanche, les jeunes célibataires qui commencent leur vie d’adulte ont en général besoin de peu d’assurance vie, puisqu’un décès ne signifiera pas une baisse de revenu pour leurs survivants. À cette étape de leur vie, il importe donc surtout de garantir leur assurabilité en faisant les choix d’assurance appropriés. De la même façon, les personnes âgées dont les enfants sont maintenant adultes et autonomes, et qui ont vraisemblablement accumulé un capital qui génère déjà un revenu pour deux personnes, ont moins besoin de l’assurance vie pour remplacer leur revenu. Ils voudront l’utiliser plutôt pour protéger la valeur nette de leur succession et atténuer l’impact fiscal de leur décès pour leurs héritiers.

Un univers complexe

La méthode de calcul proposée ici a l’avantage de ramener la question de l’assurance vie à une donnée mathématique. On élimine la composante émotive et arbitraire du processus. Évidemment, en réalité, les situations sont souvent plus complexes, puisque nos vies (et nos ménages) ne cessent de changer. De plus, une fois le besoin établi, reste à identifier le produit d’assurance (assurance vie temporaire, entière ou universelle) qui y répondra le mieux.

Reste que si on veut vraiment savoir si on est trop ou pas assez assuré, à tout moment dans sa vie, il n’y a pas de formule magique : il faut commencer par évaluer le revenu que l’assurance servira à remplacer. Prêt ? Sortons la calculatrice !