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Et si on parlait un peu du pétrole ?

Selon certains experts, le prix du baril de pétrole pourrait repartir vers la stratosphère dans les prochaines années. Et peut-être pour de bon !

Qu’arrivera-t-il lorsque nous manquerons de pétrole ? Mauvaise question, selon l’économiste Jeff Rubin. Ce qu’il faut se demander, c’est : qu’arrivera-t-il lorsque nous manquerons de pétrole à bon prix ? Et, selon lui, la réponse est : tout pourrait changer.

Une société bâtie sur le pétrole bon marché

Nous nous souvenons tous du moment où le baril de pétrole a atteint les quelque 150 $ US, et l’essence à la pompe, des prix qui ont rendu les automobilistes furieux. Une telle réaction ne devrait pas surprendre. Dans son livre récemment paru, Why Our World is About to Get a Whole Lot Smaller : Oil and the End of Globalization (Comment notre monde deviendra beaucoup plus petit : le pétrole et la fin de la mondialisation), Jeff Rubin explique que notre société est littéralement bâtie sur le pétrole bon marché : de ses modes de transport à son urbanisme, en passant par son approvisionnement alimentaire.

Il suffit de jeter un coup d’œil au graphique suivant pour comprendre son point de vue : malgré des hausses notables dans les années 1970 et 1980, le pétrole se vendait sensiblement le même prix au début des années 2000 qu’en… 1946, si on tient compte de l’inflation.


Source : Inflationdata.com

Et hop ! 200$ le baril

Aujourd’hui, le pétrole se négocie dans les 70-80 $ le baril, après être plongé à aussi peu que 32 $ en décembre 2008. Mais, selon Jeff Rubin, dès que la récession sera derrière nous, deux facteurs se combineront pour propulser les prix à la hausse :

  • une reprise des dépenses de consommation ;
  • et une insuffisance des capacités de production due à une baisse des investissements pétroliers durant la récession.

Résultat : une pression de la demande et une hausse rapide des prix : plus de 100 $ le baril dans les 12 mois suivant la fin de la récession… et pas moins de 200 $ dès 2012. À ce moment, le prix à la pompe devrait tourner autour des 2,00 $ le litre.

Récemment, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie, Nobuo Tanaka, émettait une prédiction qui donne du poids à l’hypothèse de Rubin. Selon lui, dès 2013, pour la première fois de l’histoire, les capacités excédentaires en pétrole commenceront à diminuer. Et si c’est le cas, adieu, pétrole bon marché.

Vers un nouveau modèle de société ?

Selon Jeff Rubin, les changements que cela provoquera iront bien au-delà des crises de colère des automobilistes. Pourraient changer :

  • la façon dont nous nous logeons
    les maisons en ville redeviendront attrayantes et celles en banlieue verront leurs prix chuter en raison des coûts de transport ;
  • la façon dont nous voyageons
    un âge d’or s’ouvre pour le transport en commun : d’ici 10 ans, on comptera 20 % moins de voitures sur les routes ; aussi, fini, les deux semaines en Europe chaque année : se déplacer deviendra un luxe ;
  • la façon dont nous produisons
    on recommencera à produire localement et les usines se rapprocheront des villes, qui deviendront moins axées sur le service et davantage sur la fabrication ;
  • la façon dont nous nous alimentons
    les aliments importés deviendront hors de prix ; dites au revoir aux fraises en hiver et au vin australien à 12 $ ; la production alimentaire redeviendra également locale et se rapprochera des centres urbains.

Au fait, avez-vous entendu vos politiciens municipaux parler d’agriculture, récemment ? Sinon, c’est qu’ils n’ont pas lu les propos de Jeff Rubin.

Car s’il a raison, bien des choses pourraient changer dans nos villes et nos campagnes !