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Un fonds d’urgence ?
Pour quoi faire ?

On dit généralement qu’on devrait avoir en réserve l’équivalent d’au moins trois mois de salaire pour faire face aux imprévus. Mais de la théorie à la pratique, il y a un grand pas !

Au Canada, seule une personne sur 10 dit avoir suffisamment d’argent de côté pour faire face à une dépense imprévue d’à peine 500 $. En fait, même en puisant à fond dans leur marge de crédit et leur carte de crédit, 75 % des Canadiens seraient incapables de faire face à un gros imprévu de 5 000 $.

C’est ce que révèle une étude rendue publique récemment par l’Association des comptables généraux accrédités du Canada. L’étude révèle aussi que, malgré la crise économique, la majorité des Canadiens ne comptent pas modifier leurs habitudes d’épargne pour se constituer ce fameux « fonds d’urgence » dont on dit que tout le monde devrait en avoir un.

Excès de confiance ? Vous l’avez dit !

Urgence à crédit

En fait, ces chiffres sont éminemment surprenants : ils signifient qu’en cas de besoin, les Canadiens comptent s’en remettre au crédit plutôt qu’à leurs propres épargnes. Une attitude qui s’explique sans doute par le fait que « l’urgence » revêt toujours un caractère improbable. Pourtant, rien n’est plus probable qu’un chauffe-eau qui éclate, un électroménager qui rend l’âme, une transmission qui défaille ou une couronne dentaire à remplacer… C’est pourquoi les planificateurs financiers recommandent généralement à leurs clients d’avoir de côté l’équivalent de trois mois de salaire pour faire face à ce genre de malheurs... et à des malheurs plus importants comme une perte d’emploi ou une maladie.

Combien de mois, au juste ?

En fait, le montant à mettre de côté en prévision d’une urgence varie selon les individus. Ainsi, une personne qui a un emploi stable dans la fonction publique et qui participe à un solide régime d’avantages sociaux a peut-être besoin de « couvrir » moins de mois qu’un travailleur autonome ou un vendeur à commission. Pour ce dernier, il est essentiel de pouvoir tenir le coup aussi longtemps que la situation ne se sera pas rétablie ou, en cas d’invalidité, jusqu’à ce que ses assurances entrent en jeu. De la même façon, une personne qui pourvoit aux besoins d’une grande famille devrait avoir un fonds d’imprévu plus important.

Comment faire ?

Pour bâtir un fonds d’urgence, les conseillers en sécurité financière recommandent généralement d’avoir recours à une combinaison de compte d’épargne à intérêt élevé et de marge de crédit. Le premier servira à couvrir rapidement et sans frais d’emprunt les besoins les plus immédiats, alors que la seconde permettra de libérer des liquidités additionnelles si la situation l’exige, moyennant un taux de crédit raisonnable. Par exemple, si vous gagnez 40 000 $ par année et souhaitez vous donner un fonds de 10 000 $ (soit trois mois de salaire), vous pourriez mettre 7 000 $ de côté et avoir une réserve additionnelle de 3 000 $ sous la forme d’une marge de crédit.

Depuis 2009, il existe un outil idéal pour se constituer un fonds de réserve : le CELI. Celui-ci permet d’épargner jusqu’à 5 000 $ par année dans un compte où les intérêts s’accumuleront entièrement à l’abri de l’impôt et où les retraits seront également exempts de tout impôt. En cas de besoin, vous aurez donc accès à une somme nette, ce qui ne serait pas le cas, par exemple, si vous deviez utiliser l’argent de votre REER.

Et la carte de crédit ? Pour d’autres besoins, oui ! Mais, à 19 % de taux d’intérêt, sûrement pas pour un fonds d’urgence. Ou alors l’urgence risque de devenir… un problème chronique.