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Dividendes : on aurait tort de les oublier

Avec la récente crise financière, plusieurs grandes sociétés ont réservé une surprise à leurs actionnaires en coupant leurs dividendes. Mais ce n’est pas une raison pour lever le nez sur les actions qui offrent cette forme de revenu.

Voici un graphique instructif sur le comportement de la bourse canadienne au cours des 20 dernières années :

Source : Datastream ; Russell Investments

Vous ne rêvez pas : un investisseur qui aurait réinvesti dans le marché tous les dividendes que lui ont procurés ses actions aurait encaissé un rendement supérieur de 208 % à ce que lui aurait procuré la bourse, mais sans réinvestissement des dividendes.

Cependant, une petite chose cloche dans ce graphique : il s’arrête en juillet 2007. Que s’est-il passé depuis ? L’une des pires crises financières de l’histoire. Sous l’effet de la chute des cours, le rendement en dividendes de plusieurs actions (c’est-à-dire le rapport entre le dividende et le cours de l’action) a explosé… puis a donné naissance à certaines craintes qui se sont effectivement, parfois, matérialisées : voyant leurs liquidités resserrées, certaines sociétés qui avaient l’habitude d’offrir à leurs actionnaires de généreux dividendes ont dû réduire ceux-ci, voire les couper. Et que vaut un dividende qu’on ne peut encaisser ? Zéro – sans compter l’effet catastrophique sur le prix de l’action, devenue soudain beaucoup moins intéressante.

Reste que…

Une partie importante du rendement

Reste que, historiquement, les dividendes ont constitué une partie essentielle du rendement de la bourse. Le New York Times rappelait récemment que les dividendes ont représenté pas moins de 40 % du rendement total de l’indice S&P 500, en moyenne, au cours des dernières décennies. Certes, leur contribution au rendement d’un portefeuille n’est pas constante. Dans les années 1980, les dividendes n’ont contribué que pour 28 % au rendement de l’indice et, dans les années 1990, sous l’effet du fort marché haussier que nous avons connu, tout juste 16 %... ce qui demeure néanmoins non négligeable.

Mais voici le plus remarquable : depuis le début des années 2000, les dividendes représentent la totalité du rendement de l’indice S&P 500. En fait, sans les dividendes, un portefeuille aligné sur l’indice perd carrément de l’argent depuis le début de cette décennie particulièrement houleuse pour les marchés. Avec, il s’avère légèrement profitable. Dans l’ensemble, depuis 20 ans, un portefeuille d’actions américaines versant des dividendes a procuré à son détenteur pas moins de 2 % de rendement de plus qu’un portefeuille sans dividendes. Par année. C’est énorme.

Généralement essentiel dans un portefeuille

Ces chiffres illustrent pourquoi on estime généralement que des actions procurant des dividendes stables et substantiels sont une partie importante de tout bon portefeuille de placement. Elles procurent en effet une source de revenu additionnelle, tout en ayant souvent un bon potentiel d’appréciation et en offrant un certain facteur de protection dans des marchés baissiers. En outre, les revenus en dividendes bénéficient au Canada d’un traitement fiscal avantageux par rapport aux revenus d’intérêt.

Les dividendes sont souvent associés aux actions dites privilégiées, mais certaines actions ordinaires sont aussi porteuses de dividendes. Les fonds communs de placement constituent un bon moyen de se doter de ce genre de titres avec une mise de fonds modeste. Outre les fonds dits spécifiquement « de dividendes », plusieurs fonds d’actions comprennent certains titres versant des dividendes. Les fonds d’actions dits «  à revenu élevé » peuvent aussi inclure ce genre de placements. Attention cependant aux frais de gestion : s’ils sont trop élevés, ils grugeront une part importante du rendement en dividendes.

Les aristocrates de la Bourse

Pour mieux comprendre l’effet des dividendes sur le rendement potentiel d’un portefeuille, un bon moyen consiste à consulter les sites d’information financière et de suivre le comportement des sous-indices de la Bourse qui les représentent. Au Canada, on regardera en particulier le sous-indice Actions privilégiées du S&P/TSX, de même qu’un sous-indice intéressant créé en 2007 : celui des « aristocrates canadiens du dividende ». Un aristocrate, aux fins de cet indice, est une société qui a augmenté son dividende de façon constante, chaque année, depuis au moins cinq ans.

Il est vrai qu’avec la débâcle financière récente, on ne peut plus recommander presque aveuglément certains titres à dividendes pour « la veuve et l’orphelin ». Après tout, des actions sont des actions, et elles comportent toujours un risque. Néanmoins, avec le rétablissement des conditions économiques et financières, il serait sage de jeter un nouveau regard sur ce genre de titres. Car si votre portefeuille a commencé à reprendre des couleurs ces derniers mois, de bonnes décisions stratégiques pourraient lui en donner encore plus à long terme !