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Sommes-nous plus riches qu'avant?

Étrange paradoxe : en moyenne, les Canadiens gagnent plus d’argent qu’avant, mais ils ne mettent pas nécessairement plus d’argent de côté.

Les derniers chiffres publiés par Statistique Canada révèlent que le citoyen canadien moyen a vu son revenu après impôt augmenter considérablement au cours des 10 dernières années. Juste retour du balancier, puisque ce revenu avait eu tendance à stagner pendant les 10 années précédentes.

Cependant, ces chiffres en cachent d’autres, plus inquiétants. Étudions-les de plus près.

Un revenu net… nettement supérieur

Le tableau suivant démontre avec éloquence que les Canadiens ont, en moyenne, rattrapé le temps perdu à vitesse accélérée depuis 1996. À noter que les chiffres sont en dollars constants de 2005, c’est-à-dire qu’ils sont ajustés à l’inflation.

Revenu net (après impôt) moyen au Canada
  1986 1991 1996 2001 2005 1996 à 2005
Famille de personnes âgées 43 200 $ 44 100 $ 41 300 $ 45 000 $ 48 200 $ + 17 %
Couple sans enfants 52 600 $ 52 600 $ 53 800 $ 62 100 $ 62 700 $ + 17 %
Famille avec enfants 60 300 $ 59 500 $ 59 300 $ 70 700 $ 73 000 $ + 23 %
Famille monoparentale 28 100 $ 27 000 $ 27 900 $ 35 100 $ 38 800 $ + 39 %
Personne seule 23 900 $ 23 000 $ 22 800 $ 25 700 $ 27 000 $ + 18 %
Source : Statistique Canada

Ce tableau permet notamment de prendre la mesure des nombreuses baisses d’impôts orchestrées par les gouvernements depuis 10 ans. Il permet aussi à chacun d’entre nous de comparer sa situation à celle de la moyenne de ses concitoyens dans la même situation, et de voir si son sort s’est amélioré davantage – ou moins – que celui de ces derniers.

Une valeur nette en hausse

Il n’y a pas que nos revenus que nous avons vus croître ces dernières années : il y a aussi la valeur de nos avoirs. L’actif net (l’avoir moins les dettes) médian des ménages canadiens se chiffrait à 148 400 $ en 2005, en hausse de 23,2 % sur les chiffres de 1999.

Il y a cependant un revers à cet accroissement : c’est qu’il est dû en très grande partie non pas à l’épargne des ménages, mais à la hausse de valeur de leurs placements et de leur résidence principale. La plus-value de l’actif supplante désormais largement l’épargne qui, elle, ne représente plus que 12 %, en moyenne, des changements de valeur nette des ménages.

Cela signifie que les ménages n’utilisent pas leurs augmentations de revenu pour épargner autant qu’ils le devraient en vue de la retraite : ils s’en remettent plutôt aux marchés financiers et immobiliers. Ce faisant, ils font un choix peut-être un peu téméraire, puisque, comme on le sait, la performance récente des marchés ne garantit en rien leur performance future.

Revenir à la base : l’épargne

Selon d’autres données de Statistique Canada, cette situation de sous-épargne toucherait toutes les classes de revenu, mais plus particulièrement les citoyens des classes moyennes et moins fortunées. Ainsi, entre 1996 et 2003 :

  • un couple qui appartient au quintile inférieur (c’est-à-dire le 1/5 de la population dont les revenus sont les plus bas au pays) a vu ses cotisations totales au REER et aux régimes publics de pension passer de 1 700 $ par année, en moyenne, à 1 200 $ ; c’est une baisse de 29 % !
  • un couple dans le quintile du milieu : de 5 300 $ à 4 400 $, soit une baisse de 17 % ;
  • et un couple dans le quintile supérieur : de 12 600 $ à 11 300 $, soit une baisse de 10 %.

En clair, même si leurs revenus après impôt ont augmenté de plus de 20 %, les ménages canadiens, en particulier les moins fortunés, ont sérieusement levé le pied en matière d’épargne-retraite. C’est un choix risqué, et il vaudrait mieux le reconsidérer au plus tôt!

À cet égard, il n’est pas inutile de rappeler que l’automne est un moment approprié pour jeter un regard neuf sur sa stratégie financière et la réorienter au besoin. Après tout, la fin de l’année… et la saison des REER ne sont qu’à quelques mois.