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Le REEE : à étudier dès aujourd’hui !

Les mouvements étudiants qui se sont manifestés au Québec ce printemps, avant de trouver écho ailleurs au Canada et dans le monde, ont mis à l’avant-scène le débat sur le financement des études postsecondaires. Quelle que soit l’opinion de chacun sur les contributions respectives de l’État et du particulier, ce débat aura servi à mettre une grande réalité en lumière : lorsqu’on additionne les droits de scolarité, les frais scolaires afférents, le coût du logement, de la nourriture et du transport, l’éducation postsecondaire coûte cher… Très cher.

Jusqu’à 12 000 $ par année

Dans une province comme l’Ontario, selon le ministère de la Formation et des Collèges et Universités, une seule année d’études universitaires peut coûter, tout compris, plus de 11 000 $ pour un jeune qui a quitté la maison. Et même dans une province où les droits sont moins élevés, comme au Québec, il pourrait en coûter jusqu’à 12 000 $, si l’on se fie à un outil de calcul mis au point par l’Université de Sherbrooke.

Coût total d’une année universitaire
Étudiant ne demeurant pas chez ses parents
Université de Sherbrooke

Coût total d'une année universitaire



Le REEE à la rescousse

Il peut être difficile, pour un étudiant, de faire face à une telle dépense à même ses seuls revenus, qui sont généralement assez limités.

Dans ce contexte, le régime d’épargne-études (REEE) prend tout son intérêt. Il permet à un parent ou un grand-parent (et même d’autres personnes) de mettre de l’argent de côté en vue des études postsecondaires futures d’un enfant et de faire croître cette épargne entièrement à l’abri de l’impôt.

Mais il y a mieux encore : le REEE verse l’équivalent d’une bonification d’au moins 20 à 30 % sur chaque dollar investi.

Le REEE en détail

C’est que le programme comporte en effet de généreuses subventions :

  • la Subvention canadienne pour l’épargne-étude (SCEE), équivalant à 20 % de la cotisation annuelle jusqu’à concurrence de 500 $ par année (7 200 $ à vie) ;
  • au Québec, l’Incitatif québécois à l’épargne-études (IQEE), équivalant à 10 % de la cotisation annuelle jusqu’à concurrence de 250 $ par année (3 600 $ à vie) ;
  • en Alberta, des subventions provinciales d’une valeur de 100 $ ou 500 $, selon certaines règles ;
  • et le Bon d’études canadien (BEC), pour les familles à faible revenu, soit 500 $ à l’ouverture du compte puis 100 $ par année jusqu’au 15e anniversaire de l’enfant.

Méconnu et sous-utilisé

Au fond, il y a juste un problème avec le REEE, et c’est également un mystère : pourquoi est-il si peu utilisé par les contribuables canadiens ? Qui donc peut lever le nez sur un bonus de 20 % à 30 % sur sa mise de fonds ?

Selon une étude de l’OCDE, le REEE compte parmi les programmes d’épargne les plus généreux au monde. Mais les Canadiens sont peu nombreux à s’en prévaloir. Mal compris par le public, mal connu même dans certaines institutions financières, le REEE peine à rejoindre son public. Bien que le taux de participation ait doublé depuis deux ans, il demeure très bas. Selon un rapport de Social and Enterprise Development Innovations, seulement 39,3 % des gens admissibles au SCEE l’utilisaient en 2008, tandis qu’ils n’étaient que 16,3 % à se prévaloir de leur droit au BEC. Et les ménages à faible revenu, notamment, semblent ignorer que le simple fait d’ouvrir un compte peut leur valoir jusqu’à 2 000 $ dollars en « cadeau » sur 15 ans.

Opportunité

Se pourrait-il que la situation financière des ménages soit à ce point serrée qu’une fois l’hypothèque, la voiture, les vacances et le REER payés, il ne reste plus d’épargne disponible pour le REEE ? Ce serait dommage. Car le REEE est sûrement une partie de la solution au problème de la bulle de l’endettement étudiant qui, selon certains économistes, se profile à l’horizon.