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Les Canadiens, pas forts en finance !

Nous sommes peut-être premiers pour les médailles d’or aux Olympiques, mais, lorsque vient le temps de parler d’argent, les choses se gâtent ! Plusieurs s’inquiètent d’ailleurs des lacunes des Canadiens en matière de finance.

À la grande surprise du monde entier, le système financier canadien est celui qui a le mieux résisté à la crise qui a ébranlé toute l’économie de la planète depuis deux ans. Pourtant, il semble bien que ce ne soit pas parce que les Canadiens sont particulièrement plus futés que les autres en matière d’économie. Voyez, par exemple, comment ils répondent à certaines questions fort rudimentaires :

Ces données ont été colligées par un groupe de travail qui déposera ses recommandations finales au gouvernement fédéral d’ici la fin de l’année : le Groupe de travail sur la littératie financière. Qu’est-ce que la « littératie » ? C’est l’ensemble des connaissances permettant à une personne d’être fonctionnelle en société… Et si on a besoin d’un groupe de travail sur le sujet, c’est que trop de Canadiens sont carrément… illettrés quand il s’agit de parler d’argent.

Inquiétant ?

Quand on se compare…

Ce qui est rassurant, à tout le moins sur une base comparative, c’est que le Canada n’est pas le pire élève du lot à ce chapitre. Un sondage de la firme de recherche britannique TSN révélait en début d’année que les Canadiens se classaient en neuvième position, sur 13, lorsque venait le temps d’évaluer le risque lié à leur situation financière. Le sondage proposait aux répondants d’évaluer notamment le ratio risque-rendement de deux fonds d’investissement et le risque d’investir dans les actions d’une seule compagnie plutôt que dans un panier d’actions. Seuls 13 % des Canadiens ont réussi le test. Les Mexicains (7 %), les Portugais (6 %) et les Argentins (5 %) ont fait pire encore, alors que les meilleurs du lot sont les Hollandais, avec un taux de réussite de 21 %.

La situation n’est pas plus enviable aux États-Unis. En 2008, devant l’analphabétisme financier flagrant d’une majorité de citoyens, l’administration Bush a dû mettre en place un comité appelé le Advisory Group on Financial Literacy, pour lui recommander des mesures qui permettraient d’améliorer la culture financière des Américains.

Des citoyens vulnérables

D’être plus éduqués en matière financière n’aurait pas mis les citoyens américains à l’abri de la crise gigantesque qui leur ont concoctée certains génies de Wall Street. Mais un grand nombre se seraient peut-être retrouvés dans une situation personnelle moins précaire s’ils avaient eu les moyens de mieux évaluer leurs niveaux d’épargne et d’endettement, de même que le risque afférent.

Ce sont d’ailleurs là les principaux risques que les experts associent à « l’illitératie » financière :

  • les individus manquent de repères devant l’offre de solutions financières qui leur est faite et sont désemparés lorsque des phénomènes inhabituels, comme une correction boursière, se produisent ;
  • ils deviennent méfiants, voire cyniques, face au travail des conseillers financiers ;
  • et, en quête de discours rassurants, ils deviennent vulnérables aux chants des sirènes de prétendus conseillers aux intentions frauduleuses.

La solution : l’éducation

La pente à remonter est abrupte pour les Canadiens comme pour les citoyens des autres pays, mais des indices commencent à montrer la voie à suivre. Une étude réalisée en 2009 par des chercheurs de l’Université de Floride a démontré que les étudiants universitaires qui proviennent d’États où des cours d’éducation financière sont obligatoires au niveau secondaire ont des attitudes fort différentes des autres : ils sont plus enclins à faire un budget et à épargner, ont moins tendance à remplir leurs cartes de crédit et remboursent généralement celles-ci au complet. C’est déjà un début !

Un constat qui démontre que la sécurité financière peut très bien commencer dès la tendre enfance. L’industrie des services financiers, le système éducatif et les parents ont donc une lourde responsabilité s’ils veulent aider les prochaines générations à devenir plus alertes financièrement, et briser ainsi le cercle vicieux de « l’illitératie » financière.