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Budget du Québec 2010-2011
Plus qu’un an pour se préparer

On nous l’avait annoncé l’année dernière. Le dernier budget le confirme clairement : c’est en 2011 que s’entamera le grand redressement des finances publiques du Québec. Ce qui nous laisse à peine une année pour planifier en conséquence.

Trois semaines après son homologue fédéral (il y a des mois comme ça !), le ministre Raymond Bachand a déposé, le 30 mars dernier, un budget qui a surpris par la contribution fiscale exigée des particuliers québécois. Maintenant que le choc est passé, on voit plus clairement les enjeux derrière les choix faits par le ministre.

  • Le budget québécois repose sur une vision de l’avenir différente de celle mise de l’avant dans le budget fédéral : ce dernier misait sur la croissance économique pour augmenter les revenus de l’État ; le budget québécois postule que cette croissance ne suffira pas à rétablir l’équilibre budgétaire, surtout avec la démographie de la province.
  • Le Québec se donne un horizon plus court, comme l’illustre le tableau suivant :
    Horizon visé pour l’atteinte de l’équilibre budgétaire

    Ontario

    8 ans
    Canada6 ans
    Québec4 ans
  • L’équation est simple : si on compte moins sur la croissance et qu’on se donne moins de temps, il ne reste, pour revenir au déficit zéro, que le contrôle des dépenses et l’imposition de nouvelles charges aux contribuables.
  • C’est pourquoi, alors que le budget fédéral était à saveur économique, le budget québécois, lui, est un budget résolument fiscal.

Le choc

Ces derniers jours, on a beaucoup discuté des choix du gouvernement, qui sont difficiles à avaler pour les contribuables. Quoi qu’on en pense, on serait cependant bien avisé de se préparer dès maintenant à leurs conséquences :

  • hausse de 1 ¢ le litre d’essence, chaque année, en vigueur depuis le 1er avril ;
  • nouvelle contribution santé de 25 $ par adulte en 2010, 100 $ en 2011 et 200 $ dès 2012 ;
  • hausse de 1 % de la TVQ en 2011, puis d’un autre 1 % en 2012.

À terme, ces trois mesures iront chercher plus de 1 000 $ par année dans le portefeuille d’une famille de deux enfants, si ses revenus sont d’environ 75 000 $ – et 1 400 $ si ses revenus sont de 125 000 $. Comme mesure d’atténuation, les familles à revenu moins élevé pourront réclamer un nouveau crédit d’impôt solidarité. De même, le remboursement de la TVQ à l’achat d’une maison neuve sera majoré et atteindra un maximum de 8 772 $ en 2011.

Mais attendez, ce n’est pas tout. Il faut aussi prévoir les charges suivantes :

  • hausse additionnelle probable de 1,5 ¢ le litre d’essence pour les résidents de Québec et de Montréal ;
  • imposition probable, en 2012, d’une « franchise » santé, c’est-à-dire un frais modérateur pour les services de santé ;
  • hausse annoncée, en 2012, des droits de scolarité pour les études universitaires ;
  • hausse annoncée des tarifs d’hydroélectricité en 2014.

Vous avez une entreprise ?

Si vous avez une entreprise, rassurez-vous, le ministre a choisi de vous laisser de l’oxygène pour vous permettre de créer des emplois. Comme on le voit ici, si on exclut des mesures diverses comme une redevance pour l’utilisation de l’eau dans la production, la contribution exigée du privé est légère.

En attendant…

De telles annonces ont souvent un effet insidieux : elles nous mettent en état de choc, puis on les oublie et on est mal préparé lorsque les mesures entrent en vigueur, des mois ou des années plus tard.

Cette fois-ci, nous avons tout intérêt à ne pas les oublier, puisque les montants en jeu se chiffrent dans les milliers de dollars et pourraient faire une grosse différence dans nos budgets familiaux. Vous aviez prévu un voyage en 2012 ? N’oubliez pas qu’il vous restera moins d’argent pour le payer. Vous vouliez acheter une plus grande maison ? Pensez à l’effet combiné de la hausse de la TVQ et de tous les nouveaux tarifs sur votre revenu disponible (sans compter les taux hypothécaires plus élevés).

On a dit que ce budget, qui mise sur des tarifs liés à des services précis, marque un changement de philosophie. Nul doute que l’état des finances publiques en cette sortie de récession nécessite effectivement un solide coup de barre. Laissons à d’autres le soin de juger si la façon retenue par le gouvernement pour donner ce coup de barre est la bonne, et constatons simplement l’inévitable réalité : au cours des prochaines années, il nous restera à tous un peu moins d’argent dans les poches pour réaliser nos projets personnels. Bref, ce pourrait être une bonne idée de s’asseoir bientôt avec son conseiller et de faire un peu de planification !