Démocrate ou républicain : ce que ça peut signifier pour nos placements
Les élections américaines susciteront de plus en plus d'intérêt dans les prochains mois. Comment les marchés, eux, réagiront-ils?
Les élections de 2008 promettent d'être les plus intéressantes en un demi-siècle. Plusieurs s'attendent à ce qu'elles augurent une ère " post-Bush " où on assistera à des changements importants, notamment en ce qui touche l'Irak, les politiques fiscales, l'environnement et les programmes de santé. Cependant, il n'est pas facile d'anticiper la réaction des marchés financiers.
Quand les idées préconçues ne marchent plus
On a longtemps cru que les marchés préféraient les présidences républicaines, ces dernières étant reconnues pour leur biais favorable aux entreprises : moins de réglementation, moins d'impôts. Cependant, cette perception ne résiste pas à l'examen. En fait, les plus importantes réductions d'impôt de l'histoire américaine - eu égard à la taille de l'économie - ont été faites sous l'administration démocrate de J.F. Kennedy. À l'inverse, l'administration républicaine de Richard Nixon, plus tard, allait instaurer un contrôle des prix et des salaires, de même que des restrictions au libre commerce en vue de juguler l'inflation.
Selon le Stock Trader's Almanac de 2005, les marchés se seraient même plutôt bien comportés durant les mandats démocrates - mieux, en fait, que sous les républicains. Entre 1901 et 2004, l'indice Dow Jones a crû de 383,7 % durant les 56 années de présidence républicaine, pour une moyenne de 6,9 % par année. Mais il a augmenté de 639,6 % durant les 48 années de présidence démocrate - une moyenne annuelle de 13,3 %.
Comment les marchés se sont-ils comportés ? | ||
Indice Dow Jones | ||
Années républicaines | Nombre d'années |
Rendement |
1901-1912 | 12 | 48,3% |
1921-1932 | 12 | -24,5% |
1953-1960 | 8 | 121,2% |
1969-1976 | 8 | 2,1% |
1981-1992 | 12 | 247,0% |
2001-2004 | 4 | -10,4% |
Total |
56 années |
383,7% |
Rendement annuel moyen | 6,9% | |
Années démocrates | ||
1913-1920 | 8 | 29,2% |
1933-1952 | 20 | 318,4% |
1961-1968 | 8 | 58,0% |
1977-1980 | 4 | -3,0% |
1993-2000 | 8 | 236,7% |
Total |
48 années |
639,6% |
Rendement annuel moyen | 13,3% |
Source: Stock Trader’s Almanac, 2005
Cependant, les experts soulignent que les gains en apparence supérieurs sous les administrations démocrates tendent à être effacés par une inflation elle aussi supérieure. De même, des événements comme la grande dépression des années 1930 ou la Seconde Guerre mondiale ont beaucoup affecté les marchés - sans pour autant qu'on puisse attribuer au président en place leur impact sur les cours boursiers.
Une question de mandat
Cela dit, les chercheurs Wing-Keung Wong, de l'Université de Singapour et Michael McAleer, de l'Université Western Australia, ont mesuré une tendance qui se déploie typiquement sur les quatre années d'un mandat présidentiel. En considérant les 10 dernières administrations, ils ont constaté que les marchés tendent à remonter immédiatement après les élections, puis chutent dans les 12 à 18 mois suivants, pour atteindre un creux à mi-chemin du mandat. Ensuite, ils recommencent à monter et atteignent un sommet en troisième ou quatrième année de mandat.
En réalité, ce que les marchés préfèrent, c'est le statu quo… On constate qu'ils s'épanouissent généralement lorsque la présidence appartient à un parti et que le Congrès ou le Sénat sont aux mains de l'autre parti. Une telle situation empêche généralement l'adoption de politiques radicales qui pourraient avoir une incidence sur les affaires : les marchés n'aiment pas l'incertitude.
Un vent de changement ?
Pourtant, ces mêmes marchés risquent d'être servis, en matière d'incertitude, avec les prochaines élections. En effet, lorsque l'économie est mise à mal, les électeurs ont tendance à rechercher le changement, alors qu'ils rééliront plus volontiers le même président si l'économie est au beau fixe. Or, l'économie américaine est présentement très mal en point - et les deux candidats sont nouveaux. Plusieurs politiques pourraient être remises en question, notamment celles sur l'ALENA, l'environnement, la santé ou la guerre au terrorisme - sans qu'on ait une idée précise de la direction qu'elles prendront sous la nouvelle présidence. Tant pis pour le statu quo. Cette fois, le vent est au changement. Reste à savoir à quel point, évidemment, les électeurs américains désirent ce changement !
Garder le cap
Pour l'instant, il n'est donc pas improbable que les marchés continuent d'afficher de la volatilité face à cette incertitude - d'autant plus que plusieurs autres facteurs retiennent aussi leur attention.
Dans les circonstances, rappelons que la patience demeure le plus grand atout de l'investisseur individuel. Si celui-ci a bien établi son niveau de tolérance au risque et gère son portefeuille en fonction du long terme, il pourra garder la tête froide, que les marchés plongent ou qu'ils s'envolent. À cet égard, il peut être utile de discuter ensemble pour s'assurer que votre profil d'investisseur est toujours le bon et bien évaluer la situation.
Une chose est à peu près certaine, cependant : tôt ou tard, élections ou pas, il faudra bien qu'à long terme, les marchés reviennent à leurs tendances historiques!
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