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Le Super Bowl : un indicateur pour les marchés boursiers ?

Quand les indices traditionnels ne lancent plus les bons signaux, quoi de mieux que s’en inventer de nouveaux ? C’est ce qu’ont fait certains experts du dimanche, en se basant sur… le Super Bowl, qui aura lieu dimanche.

Les spécialistes de la bourse sont constamment à l’affût de moyens pour devancer leurs collègues. Or, certains ne se limitent pas aux méthodes éprouvées pour établir leurs prévisions : ils vont même jusqu’à prétendre que le résultat du match de football ultime – le Super Bowl – est un indicateur avancé de la tendance que prendront les marchés au cours de l’année.

NFC = hausse, AFC = baisse

Voici comment cette légende amusante fonctionne : si le gagnant est une équipe de l’American Football Conference (anciennement l’American Football League), les marchés connaîtront une baisse dans les mois suivant la partie. À l’inverse, si le gagnant est issu de la National Football Conference (anciennement la National Football League), les marchés seront à la hausse. Il faut dire qu’à l’inverse, une autre théorie s’appuie sur la performance des marchés pour prédire le résultat de la partie ! 

Le plus étrange, c’est que les statistiques vont dans le sens de l’indice : l’indice Super Bowl s’est avéré fiable 32 fois au cours des dernières 40 années. Il a connu une période de déveine de trois ans entre 1998 et 2001 mais, dans l’ensemble, il a visé juste près de 80 % du temps. Lorsque les Dolphins de Miami ont gagné le Super Bowl, en 1973, l’indice Standard & Poor’s 500 a chuté de 18 %. Et lorsqu’ils ont récidivé en 1974, le S&P 500 a dégringolé d’un autre 27 %.

Pas toujours clair…

Toutefois, le système est loin d’être parfait, car les différentes expansions et les déménagements de franchises ont quelque peu embrouillé les choses. Ainsi, le Super Bowl de 2007 opposait les Bears de Chicago aux Colts d’Indianapolis. Les Bears sont une équipe de la NFC, alors que les Colts, qui sont dans l’AFC, ont leurs origines à Baltimore… où ils étaient également une équipe de la NFC. Et, par ailleurs, il n’est pas certain que ceux qui, en 2008, ont appelé leur courtier pour lui dire « j’achète ! » après la victoire des Giants de New York (qui font partie de la NFC) sont aujourd’hui très heureux de leurs investissements.

En fait, l’indice Super Bowl n’est qu’un seul des nombreux indices inventés pour prédire le comportement futur des marchés, sans pour autant avoir de rapport évident avec ces marchés. La liste est assez amusante :

  • Si les Mets de New York gagnent la Série mondiale, les marchés connaîtront une mauvaise année.
  • Même chose si un cheval gagne la fameuse Triple Couronne.
  • Le baromètre de janvier, maintenant : le rendement des actions en janvier présage de leur rendement pour le reste de l’année.
  • L’indicateur de la neige à Boston : un Noël blanc à Boston signifie un marché à la hausse dans l’année suivante.
  • La théorie des ventes d’aspirines : si le cours des actions baisse, les ventes d’aspirines augmentent.
  • L’indicateur de la longueur des robes, axé sur l’univers de la mode : lorsque la longueur des robes remonte à Paris et New York, les marchés font de même.
  • L’indicateur de l’édition maillots du magazine Sports Illustrated : si le mannequin en couverture est une Américaine, le S&P 500 connaîtra une hausse ; à l’inverse, si une non-Américaine orne la page couverture, les marchés seront à la baisse.  

 

Drôles de boules de cristal

Bien que ces « systèmes » aient un succès très variable, leurs résultats ont suffisamment tenu le coup pour attirer de fervents disciples. Il semble qu’aussi longtemps que les gens seront intéressés à connaître l’avenir, il se trouvera des « experts » pour développer des systèmes à cette fin. 

Cependant, comme le rappelle Floyd Harris, chroniqueur financier au New York Times, « quiconque est assez farfelu pour miser sur une partie de football en se référant au rendement des marchés boursiers, ou encore assez crédule pour croire qu’un partie de football peut prédire la tendance de la bourse devrait probablement engager un gestionnaire de portefeuille, un psychiatre ou les deux à la fois... »

Car, en somme, pour réussir en investissement, il vaut sans doute mieux se concentrer sur les marchés eux-mêmes que sur la performance de son équipe préférée, la couverture d’un magazine ou les ventes d’analgésiques.