Avril 2006
Où notre dollar nous ammènera-t-il, cet été ?
C’est une véritable bénédiction pour les voyageurs : depuis trois ans, le huard ne cesse de prendre de la valeur par rapport à plusieurs devises étrangères. Et comme les vacances s’en viennent…La situation est un peu inhabituelle pour nous tous qui nous étions habitués, pendant les années 1990, à voir notre dollar perdre constamment de la valeur face aux devises étrangères, à commencer par le dollar américain. En fait, il faut remonter à 1976 pour trouver le dollar canadien au pair avec le dollar américain.
Mais voilà que, depuis son bas de 0,6179 $ US, le 21 janvier 2002, le dollar canadien ne cesse de prendre de la vigueur. Tant et si bien qu’il se transigeait à 0,88 $ US le 2 mars dernier, un record des 14 dernières années. Depuis, il oscille autour des 0,86 $ US.
Le temps de partir en voyage
Un voyage à l’étranger en vue ? Bonne idée ! Car il faut savoir que nous en aurons davantage pour notre argent, cette année. Le huard ne nous procurait que 75 ¢ US, il y a deux ans. Il y a un an, il rapportait environ 83 ¢. Et aujourd’hui, il vaut près de 87 ¢… Depuis janvier 2002, notre pouvoir d’achat aux États-Unis s’est accru de plus de 40 % !
Bonne nouvelle également si, au lieu de rendre visite à notre cher oncle Sam, nous allons plutôt prendre le pastis avec le cousin Marius. Ces jours-ci, le huard nous procure environ 0,72 euro, ce qui, à n’en pas douter, nous permettra d’acheter encore plus d’olives aux herbes de Provence qu’il y a deux ans, quand le dollar ne valait que 0,61 euro. Et si c’est plutôt tante Elizabeth qu’on a envie de revoir, il ne faut plus hésiter : chaque dollar nous procurera environ 0,50 livre, alors qu’il n’en aurait donné que 0,43 l’an passé.
Le revers de la médaille
Cela dit, il ne faut cependant pas oublier qu’en économie comme en physique, rien ne se perd, rien ne se crée. La hausse du dollar canadien, depuis 2003, a un effet dévastateur sur de grands pans de l’économie canadienne. Les industries manufacturières, qui exportent une grande partie de leur production, sont devenues moins compétitives. Plusieurs tirent le diable par la queue et doivent procéder à des licenciements. L’industrie du tourisme rapporte aussi des difficultés depuis 2003 : comme notre dollar est plus dispendieux, plusieurs Américains, déjà rafraîchis par les événements du 11 septembre 2001, préfèrent rester chez eux.
Les investissements des Canadiens sont aussi affectés par ce sursaut de santé du huard, malgré la bonne tenue d’ensemble du marché. Les titres de plusieurs exportateurs ont été touchés et certains ont même dû sabrer dans leur dividende. L’effet le plus spectaculaire est cependant sur les placements détenus par les Canadiens à l’étranger mais qui sont libellés en dollars canadiens, ce qui est le cas de la majorité des fonds d’investissement. Une hausse du dollar, en effet, vient s’appuyer contre toute augmentation de la valeur de ces placements – ce pourquoi, au cours des deux dernières années, les placements en titres américains ont souvent affiché des rendements négatifs, une fois exprimés en devise canadienne.
Tout cela nous rappelle qu’il y a deux côtés à toute médaille. Durant les années 1990, l’état anémique du huard en a incité plusieurs à préférer les charmes du Nouveau-Brunswick à ceux de la Californie. En revanche, nos placements américains, eux, étaient survoltés par la chute constante de notre devise.
À l’époque, nous avions moins d’argent à dépenser dans les pays étrangers, mais ceux-ci enrichissaient nos portefeuilles considérablement. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Rien ne se perd…
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