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Pour ou contre la richesse?

Dans son livre paru au printemps, le chroniqueur Alain Dubuc propose des solutions pour nous donner collectivement les moyens de nos ambitions. Un ouvrage de réflexion qui constitue une option intéressante pour remplacer, cet été, le traditionnel roman policier…


Le titre du plus récent ouvrage d’Alain Dubuc, Éloge de la richesse, est délibérément provocateur. Plusieurs, en effet, ont toujours eu une relation difficile avec l’argent et le succès, animés, dit-il, par la «peur des riches». Mais c’est sur la prospérité individuelle que repose la prospérité collective et, selon Dubuc, «augmenter la richesse collective n’est pas en contradiction avec les grandes valeurs sociales de justice et de solidarité» qui font notre fierté.

S’il n’y a pas contradiction, y aurait-t-il donc des avantages, pour la société, à augmenter le niveau de la richesse individuelle? Selon Dubuc, une plus grande richesse entraînerait une plus grande création d’infrastructures, une recrudescence du mécénat et des investissements plus éclairés en éducation. L’auteur cite l’exemple des grandes métropoles mondiales, qui regorgent d’hôpitaux ultramodernes, de manifestations culturelles fastueuses et de «luxes éhontés qui sont souvent un indicateur de la force d’une économie».


Une société pauvre

L’auteur identifie cependant un bon nombre de freins à l’atteinte de cette richesse. Le livre, à cet égard, est particulièrement critique envers le Québec. Dubuc fait état d’une situation économique alarmante, qui place la belle province dans le même groupe que les états pauvres de la Virginie Occidentale et du Mississippi. Ensuite, la perception populaire, toujours bien ancrée, y veut que «la richesse soit associée à l’exploitation et à l’injustice». Et c’est sans compter la crise démographique qui se profile à l’horizon: le soutien du support public sera de plus en plus difficile.


Renverser la vapeur

Dubuc propose de s’inspirer des économies gagnantes de l’Amérique du Nord, et d’attaquer de plein fouet la réalité de notre époque, quitte à renoncer temporairement aux «outils et services de riches» que sont les services universels abondants, à augmenter considérablement les frais de scolarité et les tarifs d’électricité, ou à déplacer le fardeau fiscal des impôts vers les taxes. La nouvelle richesse, selon lui, engendrera une justice sociale renouvelée.


L’Irlande : modèle à suivre?

À titre d’inspiration, Dubuc cite le cas de l’Irlande, une société d’héritage catholique et où il était «plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu»… Par un changement de mentalité radical, l’Irlande est passée, en 15 ans, d’une pauvreté égale à celle du Nouveau-Brunswick à une économie plus vigoureuse que celle du Canada.

Alain Dubuc propose une recette parmi tant d’autres pour favoriser la prospérité économique. Est-ce la bonne ? Il y a fort à parier, en tout cas, que ses idées feront parler d’elles encore longtemps.