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Embonpoint : un gros poids sur nos finances

Mode de vie sédentaire + alimentation riche en aliments transformés = une recette qui commence à peser lourd sur nos finances publiques et personnelles.

Bien que plusieurs considèrent leur poids comme un choix strictement personnel, il apparaît de plus en plus que celui-ci a des effets importants sur la société : il modifie les habitudes de consommation, accroît les coûts de santé, diminue la productivité et augmente le nombre de réclamations d’assurance.

Selon l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes faite en 2004, 23 % des Canadiens ont un indice de masse corporelle* de 27 ou plus, ce qui les classe dans la catégorie « excès de poids ». Ils sont ainsi plus à risque d’être victimes de maladies comme le diabète de type 2, l’apnée du sommeil et l’arthrose, sans parler des troubles cardiovasculaires et du cancer.

Sans stigmatiser les personnes qui souffrent d’un excès de poids, il est donc de plus en plus urgent d’évaluer les conséquences globales de notre tendance à négliger notre tour de taille.

L’Indice de masse corporelle (IMC)

 

Catégorie

IMC (kg/m2)

Risque de développer des problèmes de santé

Poids insuffisant

< 18,5

Augmenté

Poids normal

18,5 – 24,9

Réduit

Excès de poids

25,0 – 29,9

Augmenté

Obésité, catégorie 1

30,0 – 34,9

Élevé

Obésité, catégorie 2

35,0 – 39,9

Très élevé

Obésité, catégorie 3

35,0 – 39,9

Extrêmement élevé

Source : Santé Canada
* Pour calculer son IMC, il suffit de visiter le site de Santé Canada http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/nutrition/weights-poids/guide-ld-adult/bmi_chart_java-graph_imc_java-fra.php .

Lourd sur le système

L’excès de poids est un problème important en milieu de travail. Une étude américaine a établi que les travailleurs obèses réclament deux fois plus d’indemnités d’emploi, génèrent sept fois plus de coûts médicaux et utilisent treize fois plus de jours d’absence que leurs collègues « plus maigres ». Le coût en journées perdues est estimé à 4 milliards $ par année – à tel point que les autorités considèrent désormais que l’obésité coûte autant que le tabagisme à l’économie américaine. 

Mais ce n’est pas seulement un phénomène nord-américain. Selon un rapport de la Chambre des communes anglaise, l’excès de poids, en Grande-Bretagne, est responsable annuellement de 18 millions de journées de congé de maladie et de 30 000 décès. L’obésité retrancherait neuf années, en moyenne, à l’espérance de vie. Son coût pour le système de santé britannique serait d’un demi-milliard de livres par année. Portrait équivalent chez nous : en 1997, une étude estimait déjà que notre tour de taille généreux nous coûtait 1,8 milliard $ par année en soins hospitaliers, honoraires médicaux et autres soins de santé. Si on considère l’escalade des frais de santé au Canada, ce chiffre n’a pu qu’augmenter depuis.

L’embonpoint peut peser sur notre économie de façon parfois surprenante, notamment en engendrant des frais de carburant plus élevés pour le transport des personnes et une pression sur l’approvisionnement alimentaire. En janvier, l’Office des transports du Canada imposait aux transporteurs aériens l’obligation de fournir un siège additionnel sans frais aux personnes dont la taille est trop grande pour un siège individuel. À un moment où les frais de carburant obligent les transporteurs à rationner la moindre biscotte, on ne peut négliger l’impact de cette mesure très légitime par ailleurs. Chez Air Canada, on estime qu’elle viendra retrancher près de 0,1 % aux revenus.

Au travail

Les personnes victimes de fort embonpoint souffrent aussi de discrimination au travail. On considère qu’elles sont souvent privées de promotions, parce que leurs patrons voient dans leur poids un risque de santé qu’ils ne sont pas prêts à assumer. Paradoxalement, les employeurs investissent assez peu dans la forme physique de leurs employés. La chose s’expliquerait par la mobilité croissante de la main-d’œuvre : pourquoi aider un employé à être en forme, s’il est susceptible de nous quitter incessamment ?

Reste que, selon les experts, l’embonpoint a des conséquences directes sur le travail : il affecte la productivité, induit de la léthargie, génère du « présentéisme » de la part d’employés qui auraient plutôt réclamé un congé de maladie, et créé des situations de stress qui vont du conflit jusqu’à la maladie. Pourtant, les études démontrent qu’un simple changement dans les habitudes de sommeil, d’alimentation et d’exercice contribue à diminuer les facteurs de stress liés au poids et à augmenter la productivité.

Pour un futur plus léger

Plus tôt cette année, Statistique Canada a révélé que ses statistiques sur l’embonpoint étaient erronées, parce que les gens ont tendance à déclarer un poids inférieur à la réalité. Alors que seuls 16 % des Canadiens se considèrent obèses, la réalité serait plus près des 24 %.

Bref, acceptons-le : il va falloir reprendre le contrôle de notre poids. Et de celui de nos enfants ! En 2006, l’International Journal of Obesity prévoyait que le nombre d’enfants obèses allait doubler, aux États-Unis, d’ici 2010. Et chez nous, on a calculé que les enfants d’âge scolaire passent en moyenne six heures par jour assis devant un écran quelconque (ordinateur, télévision, jeu vidéo, etc.).

C’est désormais une responsabilité personnelle et sociale : il nous faut « exercer » notre jugement en mangeant de façon sensée, en étant actifs et en portant attention à notre sommeil. Car la bonne nouvelle, en ce qui touche l’embonpoint, c’est que ses effets peuvent être facilement prévenus !