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Tiens, le TSX est à 10 000 points

Si vous avez été sur une autre planète depuis l’automne dernier et que vous regardez les indices boursiers aujourd’hui, vous devez vous demander ce qui a tant terrifié tout le monde ces derniers mois. Au moment où ces lignes sont écrites, la bourse de Toronto est à peu près de retour à son niveau d’octobre dernier. Le Dow Jones aussi.

Bref, c’est comme s’il ne s’était rien passé depuis six mois. Étonnant non ?

L’indice TSX de la Bourse de Toronto
Source: Yahoo Finance

30 %... pour l’instant

En fait, non, ce n’est pas étonnant. Après avoir perdu avec fracas près de la moitié de sa valeur entre juillet et mars, l’indice de la bourse canadienne a rebondi de plus de 30 % depuis. Mais les marchés demeurent nerveux et, ces jours-ci, les séances haussières alternent avec des séances parfois fortement baissières.

C’est que les marchés financiers comportent des caractéristiques qu’on oublie trop facilement lorsqu’ils oscillent entre leurs extrêmes, comme on l’a connu depuis juillet dernier :

  • ils ne progressent jamais de façon linéaire : ils fonctionnent par poussées brusques, à la hausse comme à la baisse ;
  • ils sont mus par deux facteurs irrationnels : la peur, lorsqu’ils sont à la baisse et la cupidité, lorsqu’ils sont à la hausse ;
  • et c’est lorsqu’ils sont les plus irrationnels, justement, qu’ils présentent les meilleures occasions de placement.

 
Ceux qui ont ignoré la peur, en mars, et ont même continué d’investir s’en félicitent donc aujourd’hui. Les autres se demandent si ce ne serait pas le bon moment de « rembarquer ». Peut-être… mais à condition que ce soit pour les bonnes raisons.

Un marché de dupes ?

Actuellement, certains analystes mettent en garde contre la tentation de sauter dans le train alors que celui-ci est peut-être déjà rendu à destination. Ils ne voient pas encore dans l’économie les facteurs qui donneraient raison aux marchés de se montrer si exubérants. Ils estiment en fait que le rebond récent est dû au retour dans le marché d’investisseurs institutionnels qui sont forcés d’investir les grandes liquidités qu’ils ont entre les mains et à certains autres qui veulent être les premiers à miser sur les signes d’une relance économique.

Cependant, il faut avouer que ces signes ne sont pas parfaitement convaincants. À l’heure actuelle, les dépenses de consommation n’ont toujours pas repris aux États-Unis et les investissements des entreprises font du surplace. En fait, seuls les gouvernements dépensent massivement de l’argent qu’ils devront bientôt rembourser à leurs créanciers (à titre d’exemple, le ministre fédéral des finances annonçait récemment que son déficit atteindrait cette année la somme colossale de 50 milliards de dollars !). Est-ce que ce sont là les signes d’une reprise ? Plusieurs en doutent.

Les conditions d’une vraie reprise économique
Selon les économistes, pour qu’une reprise boursière s’arrime à une vraie relance économique, il faudra qu’au moins quelques-unes des six conditions suivantes soient remplies au sud de notre frontière.
 
ConditionsOù nous en sommes aujourd’hui
1. Reprise de la consommationPas de signe immédiat.
2. Reprise de l’immobilier résidentielPas de progrès visible du côté des mises en chantier.
3. Reprise de l’emploiLes pertes d’emplois semblent en voie de se stabiliser.
4. Croissance des revenusPas au rendez-vous pour l’instant.
5. Confiance des gens d’affairesIncertaine selon les sondages.
6. Reprise du créditEn nette amélioration.

Investir ou non ?

Bref, si l’idée de réinvestir dans les marchés est celle d’un gain rapide, il n’est pas certain que la gageure en vaille la peine. En revanche, sur un horizon plus long, il ne faut pas oublier que les bourses sont encore en retrait de plus de 30 % par rapport à l’été 2008. Tôt ou tard, ce chemin sera rattrapé : il y a donc plus de potentiel de gains aujourd’hui qu’à la même date l’an passé.

Cependant, ces gains ne se réaliseront pas en douceur, soyons-en certains !

Combien de temps ?
Le New York Times a mis en ligne récemment une calculette qui permet de voir combien de temps il faut prévoir pour récupérer ses pertes de placement selon différents scénarios. Vous entrez vos propres chiffres et le résultat, parfois étonnant, s’affiche sur un graphique interactif. À voir ici.